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Apulée - Les Métamorphoses ou L'Âne d'or
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Apulée - Les Métamorphoses ou L'Âne d'or
L'Âne d'or, également connu sous le titre Les Métamorphoses, est l'un des plus fabuleux et plus vieux récits fantastiques du monde . Il est simultanément un mélange d'aventure érotique, une comédie romantique et une fable religieuse et magique...
D'ailleurs, les quelques mots du prologue tiennent entièrement leur promesse à mon avis :
Lector, intende: laetaberis ("Lecteur, sois attentif : tu vas t’amuser !")
L'Âne d'or, est aussi le premier roman entièrement conservé de l’Antiquité. Datant du IIème siècle après J.-C, la transmission de ce texte n'a tenu qu’à un fil, car il a survécu aux vicissitudes du temps uniquement grâce à un codex du XIème siècle, conservé dans une abbaye du Mont-Cassin.
L’Amour et Psyché - Lagrenée dit l’aîné, Louis-Jean-François (1725-1805)
Le roman, qui contient beaucoup de traits comiques, mais aussi tragiques, raconte les aventures du jeune héros Lucius. Celui-ci, entraîné par sa curiosité ("curiositas"), entre, notamment en contact avec des sorcières et se frotte à la magie.
Lucius, avant sa transformation, est avide d'acquérir des connaissances sur la magie grâce auxquelles il croit pouvoir atteindre l'Au-delà. Cette curiosité provoque sa transformation en âne c'est-à-dire une régression à l'état animal. S'ensuit alors toute une série de tribulations et d'épreuves qui correspondent à une quête spirituelle. Par la grâce d'Isis, il retrouve forme humaine et subit l'initiation aux mystères de la déesse.
C’est la magie du verbe qui est la plus apparente, la plus effective dans l’Âne d'Or. Apulée sait jouer avec les sens de certains termes, se réapproprier les mots des autres, réemployer les dires de ses adversaires à leurs dépens. Il n’hésite pas non plus à faire entendre des sons venus d’ailleurs, de la langue grecque. Il semble pouvoir utiliser tous les tons (simple, ironique, poétique, précieux, emphatique etc...) pour capter l’attention de son public. Sa longue description du miroir comme instrument esthétique, philosophique et moral (Il aide l’homme à se connaître lui-même, à se confronter à sa propre image.) en est un bon exemple. Par ailleurs, Apulée profite de son discours pour louer les vertus, la grâce de la parole poétique. Il cite des poètes célèbres comme Virgile, Catulle, mais aussi des vers de Platon pour faire entendre la beauté de leurs vers. Il se présente lui-même comme un poète plutôt que comme un magicien et ne se prive pas de réciter les vers galants et légers qu’il a composés à son auditoire.
Dans le récit se trouvent intégrés plusieurs nouvelles, dont la plus célèbre – le mythe d’Amour et de Psyché – est entré dans la littérature mondiale. Mais d’autres histoires enchâssées dans le roman ont également continué à exister tel que l'intriguant livre XI aussi appelé "Le livre d'Isis".
Invocation de Lucius à Isis :
"XI-II. Reine des cieux, qui que tu sois, bienfaisante Cérès, mère des moissons, inventrice du labourage, qui, joyeuse d'avoir retrouvé ta fille, instruisis l'homme à remplacer les sauvages banquets du vieux gland par une plus douce nourriture; toi qui protèges les guérets d'Éleusis; Vénus céleste, qui, dès les premiers jours du monde, donnas l'être à l'Amour pour faire cesser l'antagonisme des deux sexes, et perpétuer par la génération l'existence de la race humaine; toi qui te plais à habiter le temple insulaire de Paphos, chaste soeur de Phébus, dont la secourable assistance au travail de l'enfantement a peuplé le vaste univers; divinité qu'on adore dans le magnifique sanctuaire d'Éphèse; redoutable Proserpine, au nocturne hurlement, qui, sous ta triple forme, tiens les ombres dans l'obéissance; geôlière des prisons souterraines du globe; toi qui parcours en souveraine tant de bois sacrés, divinité aux cent cultes divers, ô toi dont les pudiques rayons arpentent les murs de nos villes, et pénètrent d'une rosée féconde nos joyeux sillons; qui nous consoles de l'absence du soleil en nous dispensant ta pâle lumière; sous quelque nom, dans quelque rit, sous quelques traits qu'il faille t'invoquer, daigne m'assister dans ma détresse, affermis ma fortune chancelante. Qu'après tant d'assauts j'obtienne enfin paix ou trêve; qu'il suffise de tant d'épreuves, de tant de traverses. Ote-moi cette hideuse enveloppe de quadrupède; rends-moi aux regards des miens, à ma forme de Lucius. Et si quelque dieu irrité me poursuit d'un courroux implacable, que je puisse mourir du moins puisqu'il ne m'est pas permis de vivre."
Apulée - L'Âne d'Or - XI, 2, 1
Qui était Apulée ?
Apulée est un auteur du IIe siècle après JC, originaire d'Afrique. Né vers 125, d'une famille riche de Madaure (en Numidie, dans l'actuelle Algérie), il fit d'abord ses études à Carthage, où il apprit l'éloquence latine, avant d'aller chercher à Athènes un enseignement philosophique supérieur, de voyager beaucoup, puis de retourner en Afrique.
C'était un personnage singulier et attachant, qui avait les yeux grands ouverts et s'intéressait à tout, aux sciences, à la philosophie, à la religion, à la magie aussi. Comme l'écrit P. Grimal, il «se fit initier à tous les cultes, plus ou moins secrets, qui abondaient alors dans l'Orient méditerranéen : mystères d'Éleusis, de Mithra, d'Isis, culte des Cabires à Samothrace, et mille autres encore, d'une moindre célébrité. Il espérait y trouver "le secret des choses"».
Quant à la magie, elle n'occupe pas seulement une grande place dans les Métamorphoses; on connaît l'histoire du procès qui lui fut intenté par les parents de la femme, beaucoup plus âgée que lui, qu'il avait épousée à Oea en Tripolitaine.
Apulée est déféré à Sabrata devant le proconsul Claudius Maximus comme magus (magicien) et veneficus (empoisonneur). On l’accuse d’avoir ensorcelé une veuve de quarante ans, mère d’un de ses anciens camarades d’étude, Pontianus, et d’avoir causé la mort de ce dernier pour s’emparer de son héritage. Les poursuites sont menées par l’oncle et le frère de Pontianus, qui s’appuient sur des rumeurs, des preuves obscures (pour ne pas dire douteuses) :
- Il userait de cosmétiques pour embellir son apparence.
- Il possède un miroir.
- Il a demandé à des pêcheurs de lui procurer certaines espèces de poisson.
- Il posséderait un talisman magique
- Il transporte des statuettes de Mercure dans ses bagages
- Il aurait fait des sacrifices nocturnes
- Il a fait tomber un jeune homme lors d’un rituel magique.
- Il a une très bonne connaissance de la langue grecque.
- Il maîtrise l’art de la rhétorique, de l’éloquence, la philosophie.
- Une phrase, écrite par sa femme dans une lettre et sortie de son contexte, le désigne comme un magicien.
Comme on peut facilement le constater, la magie n’est qu’un prétexte fallacieux usé par une belle famille ignorante et bornée pour l’atteindre, pour récupérer un héritage (Comment peut-on logiquement accuser un jeune homme, bien mis de sa personne, d’avoir eu recours à des sortilèges pour séduire une femme plus âgée que lui ?). La défense d’Apulée se construira principalement sur cette évidence, il s'en sortira par un plaidoyer habile et spirituel, l'Apologie ou le De Magia.
En vous souhaitant bonne lecture,
Bien à vous,
Nelesia B
D'ailleurs, les quelques mots du prologue tiennent entièrement leur promesse à mon avis :
Lector, intende: laetaberis ("Lecteur, sois attentif : tu vas t’amuser !")
L'Âne d'or, est aussi le premier roman entièrement conservé de l’Antiquité. Datant du IIème siècle après J.-C, la transmission de ce texte n'a tenu qu’à un fil, car il a survécu aux vicissitudes du temps uniquement grâce à un codex du XIème siècle, conservé dans une abbaye du Mont-Cassin.
L’Amour et Psyché - Lagrenée dit l’aîné, Louis-Jean-François (1725-1805)
Le roman, qui contient beaucoup de traits comiques, mais aussi tragiques, raconte les aventures du jeune héros Lucius. Celui-ci, entraîné par sa curiosité ("curiositas"), entre, notamment en contact avec des sorcières et se frotte à la magie.
Lucius, avant sa transformation, est avide d'acquérir des connaissances sur la magie grâce auxquelles il croit pouvoir atteindre l'Au-delà. Cette curiosité provoque sa transformation en âne c'est-à-dire une régression à l'état animal. S'ensuit alors toute une série de tribulations et d'épreuves qui correspondent à une quête spirituelle. Par la grâce d'Isis, il retrouve forme humaine et subit l'initiation aux mystères de la déesse.
C’est la magie du verbe qui est la plus apparente, la plus effective dans l’Âne d'Or. Apulée sait jouer avec les sens de certains termes, se réapproprier les mots des autres, réemployer les dires de ses adversaires à leurs dépens. Il n’hésite pas non plus à faire entendre des sons venus d’ailleurs, de la langue grecque. Il semble pouvoir utiliser tous les tons (simple, ironique, poétique, précieux, emphatique etc...) pour capter l’attention de son public. Sa longue description du miroir comme instrument esthétique, philosophique et moral (Il aide l’homme à se connaître lui-même, à se confronter à sa propre image.) en est un bon exemple. Par ailleurs, Apulée profite de son discours pour louer les vertus, la grâce de la parole poétique. Il cite des poètes célèbres comme Virgile, Catulle, mais aussi des vers de Platon pour faire entendre la beauté de leurs vers. Il se présente lui-même comme un poète plutôt que comme un magicien et ne se prive pas de réciter les vers galants et légers qu’il a composés à son auditoire.
Dans le récit se trouvent intégrés plusieurs nouvelles, dont la plus célèbre – le mythe d’Amour et de Psyché – est entré dans la littérature mondiale. Mais d’autres histoires enchâssées dans le roman ont également continué à exister tel que l'intriguant livre XI aussi appelé "Le livre d'Isis".
Invocation de Lucius à Isis :
"XI-II. Reine des cieux, qui que tu sois, bienfaisante Cérès, mère des moissons, inventrice du labourage, qui, joyeuse d'avoir retrouvé ta fille, instruisis l'homme à remplacer les sauvages banquets du vieux gland par une plus douce nourriture; toi qui protèges les guérets d'Éleusis; Vénus céleste, qui, dès les premiers jours du monde, donnas l'être à l'Amour pour faire cesser l'antagonisme des deux sexes, et perpétuer par la génération l'existence de la race humaine; toi qui te plais à habiter le temple insulaire de Paphos, chaste soeur de Phébus, dont la secourable assistance au travail de l'enfantement a peuplé le vaste univers; divinité qu'on adore dans le magnifique sanctuaire d'Éphèse; redoutable Proserpine, au nocturne hurlement, qui, sous ta triple forme, tiens les ombres dans l'obéissance; geôlière des prisons souterraines du globe; toi qui parcours en souveraine tant de bois sacrés, divinité aux cent cultes divers, ô toi dont les pudiques rayons arpentent les murs de nos villes, et pénètrent d'une rosée féconde nos joyeux sillons; qui nous consoles de l'absence du soleil en nous dispensant ta pâle lumière; sous quelque nom, dans quelque rit, sous quelques traits qu'il faille t'invoquer, daigne m'assister dans ma détresse, affermis ma fortune chancelante. Qu'après tant d'assauts j'obtienne enfin paix ou trêve; qu'il suffise de tant d'épreuves, de tant de traverses. Ote-moi cette hideuse enveloppe de quadrupède; rends-moi aux regards des miens, à ma forme de Lucius. Et si quelque dieu irrité me poursuit d'un courroux implacable, que je puisse mourir du moins puisqu'il ne m'est pas permis de vivre."
Apulée - L'Âne d'Or - XI, 2, 1
Qui était Apulée ?
Apulée est un auteur du IIe siècle après JC, originaire d'Afrique. Né vers 125, d'une famille riche de Madaure (en Numidie, dans l'actuelle Algérie), il fit d'abord ses études à Carthage, où il apprit l'éloquence latine, avant d'aller chercher à Athènes un enseignement philosophique supérieur, de voyager beaucoup, puis de retourner en Afrique.
C'était un personnage singulier et attachant, qui avait les yeux grands ouverts et s'intéressait à tout, aux sciences, à la philosophie, à la religion, à la magie aussi. Comme l'écrit P. Grimal, il «se fit initier à tous les cultes, plus ou moins secrets, qui abondaient alors dans l'Orient méditerranéen : mystères d'Éleusis, de Mithra, d'Isis, culte des Cabires à Samothrace, et mille autres encore, d'une moindre célébrité. Il espérait y trouver "le secret des choses"».
Quant à la magie, elle n'occupe pas seulement une grande place dans les Métamorphoses; on connaît l'histoire du procès qui lui fut intenté par les parents de la femme, beaucoup plus âgée que lui, qu'il avait épousée à Oea en Tripolitaine.
Apulée est déféré à Sabrata devant le proconsul Claudius Maximus comme magus (magicien) et veneficus (empoisonneur). On l’accuse d’avoir ensorcelé une veuve de quarante ans, mère d’un de ses anciens camarades d’étude, Pontianus, et d’avoir causé la mort de ce dernier pour s’emparer de son héritage. Les poursuites sont menées par l’oncle et le frère de Pontianus, qui s’appuient sur des rumeurs, des preuves obscures (pour ne pas dire douteuses) :
- Il userait de cosmétiques pour embellir son apparence.
- Il possède un miroir.
- Il a demandé à des pêcheurs de lui procurer certaines espèces de poisson.
- Il posséderait un talisman magique
- Il transporte des statuettes de Mercure dans ses bagages
- Il aurait fait des sacrifices nocturnes
- Il a fait tomber un jeune homme lors d’un rituel magique.
- Il a une très bonne connaissance de la langue grecque.
- Il maîtrise l’art de la rhétorique, de l’éloquence, la philosophie.
- Une phrase, écrite par sa femme dans une lettre et sortie de son contexte, le désigne comme un magicien.
Comme on peut facilement le constater, la magie n’est qu’un prétexte fallacieux usé par une belle famille ignorante et bornée pour l’atteindre, pour récupérer un héritage (Comment peut-on logiquement accuser un jeune homme, bien mis de sa personne, d’avoir eu recours à des sortilèges pour séduire une femme plus âgée que lui ?). La défense d’Apulée se construira principalement sur cette évidence, il s'en sortira par un plaidoyer habile et spirituel, l'Apologie ou le De Magia.
En vous souhaitant bonne lecture,
Bien à vous,
Nelesia B
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