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Lilith

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Message par Hagel Sam 17 Oct 2009 - 17:08

Lilith


Lilith (en hébreu : לילית) est, à l’Éden, la première femme et la première compagne d’Adam, avant Ève.

Il s’agit peut-être du plus ancien mythe de la féminité contradictoire.

Étymologie:
le sumérien lil, le vent ;
le sumérien lulti, la lascivité ;
l’hébreu laïla, la nuit ;
l’hébreu lou'a, gueule.
En hébreu לילית Lilit, en akkadien Līlītu est un prénom féminin de racine proto-sémitique LYL « Nuit », traduit littéralement en « être féminin de la nuit / démon », bien que sur des inscriptions cunéiformes Lilit et Līlītu se réfèrent à l’existence d’esprits du vent apportant la maladie.

Une autre possibilité est l’association non pas avec « nuit » mais avec « vent », ainsi l’akkadien Lil-itu est un emprunt du sumérien lil, « vent », en particulier de NIN.LIL « Dame du Vent », déesse du vent du Sud (et épouse d’Enlil) et itud, « lune ».

Aperçus historiques:
Le mythe de Lilith date d’au moins quatre mille ans. Présente à l’origine comme démon femelle sumérien (Lilitû), et peut-être identifiable avec la Lillaka du récit de Gilgamesh et le saule, elle est aussi présente dans les écrits rabbiniques (le Talmud de Babylone). Dans différentes versions de la Bible (Bible TOB, Bible de Jérusalem, Bible Darby et celle d’André Chouraqui) le terme se trouve pour désigner un « être nocturne », mais le thème de Lilith est absent de la Bible canonique.

Les représentations de ce personnage sont pétries de contradictions : elle serait à la fois aérienne et chtonienne, voire aquatique et dévoratrice. Cependant dotée d’une sexualité illimitée et d’une fécondité prolifique, tout en étant symbole de frigidité et de stérilité, épouse, fille et double du diable, elle rassemble, dans la culture judéo-chrétienne, les côtés négatifs attribués à la féminité archaïque, celle qui ne peut être l’épouse de l’homme. Elle a connu de multiples avatars, jusqu’à la Lolita de Nabokov.

Histoire de Lilith:

Les origines de Lilith:

Lilith est vraisemblablement l’écho d’un démon femelle sumérien, puis babylonien, Lilitû ou Ardat Lili. Ses traits dominants sont déjà son caractère aérien, sa sexualité et sa fécondité sans limite. Considérée comme un démon dévorateur, elle est liée à une déesse mère. Déesse-serpent, déesse ailée (donc alliant les caractères chtonien et aérien), pour Marija Gimbutas elle correspond à la déesse mère dont on retrouve la trace depuis le paléolithique supérieur. Elle serait présente dans l’épopée de Gilgamesh, Gilgamesh et le saule, sous le nom de Lillaka, récit dans lequel elle se rapproche de la déesse Inanna (Astarté). On la retrouve également dans la « déesse-aux-serpents » de la civilisation minoenne, mais également sous les traits d’Isis, la déesse ailée de l’Égypte ancienne.

Elle aurait été reprise par la tradition juive aux temps de la captivité de Babylone. Aux temps bibliques, elle est une représentation symbolique du matriarcat préexistant au patriarcat, mais finalement supplanté par l’avènement de ce dernier.

Lilith dans la Bible:
Lilith est rarement expressément désignée dans la Bible, le nombre d’occurrences dépend de la traduction.

Dans le Livre d’Isaïe chapitre XXXIV, verset 14. Elle apparaît dans un contexte particulièrement sinistre, lors de la chute du royaume d’Edom, dans un désert de poix, parmi les ronces, les orties et les chardons :

« Les bêtes du désert s’y rencontreront avec les chacals, et le bouc sauvage y criera à son compagnon. Là aussi la Lilith se reposera et trouvera sa tranquille habitation. »
— Livre d’Ésaïe, traduction de John Nelson Darby

Les traductions de Louis Segond et Augustin Crampon utilisent respectivement « spectre de la nuit » et « spectre des nuits ».

La traduction du même verset par Lemaître de Sacy donne :

« Les démons et les onocentaures s’y rencontreront, et les satyres y jetteront des cris les uns aux autres. C’est là que la sirène se retire, c’est où elle trouve son repos. »
Le livre de Job, chapitre XVIII, verset 15, l’évoque également dans ses lamentations : on arrache le méchant à l’abri de sa tente pour le traîner vers le Roi des Frayeurs, la Lilith s’y installe à demeure et l’on répand du soufre sur son bercail. Son nom est absent des traductions de Segond, Crampon ou bien Darby.

La figure du démon de midi évoquée dans le Psaume 91,5 lui est parfois identifiée[4], parfois c’est un autre démon du même passage à qui on donne son nom : Tu ne craindras ni Lilith ni la flèche qui vole de jour, ni Deber, la peste qui marche en la ténèbre, ni Keteb, le fléau qui dévaste à midi

Là où on traduit par Lilith, certaines Bibles traduisent par spectre de la nuit, couette, onocentaure, chat-huant, hibou, chouette.

Le livre de la Genèse propose deux récits de la création de la femme :

dans le premier, Adam est créé en même temps que la première femme (qui n’est pas nommée) à partir d’argile;
dans le second, où elle trouve son nom d’Ève, la femme est conçue à partir d’une côte prise sur le corps d’Adam afin qu’elle soit, bien qu’issue de lui, sa semblable et son égale.
Ni l’élohiste ni le yahviste (les scripts de la Bible) ne disent mot quant à la nécessité de cette seconde création.
Aussi, très tôt, les rabbins ont-ils tenté de résoudre la contradiction entre ces deux passages. Reprenant certaines légendes sémites, ces rabbins y ont vu la preuve de l’existence d’une « autre première femme ».

Dans la Kabbale:
C’est pour résoudre cette contradiction que les rabbins vont enrichir le mythe de Lilith qui trouve un développement important dans un recueil écrit entre les VIIIe et Xe siècles après J.-C., l’alphabet de Ben Sira, le commentaire de l’Ecclésiaste.

Au commencement (Béréshit), Lilith, n’est que l’appellation générique d’une classe de démons femelles : elle vient donc des Enfers, de la poussière.

C’est dans l’alphabet de Ben Sira que se trouve expliquée le destin de Lilith : elle est tirée de la même terre qu’Adam (que l’Alphabet de Ben Sira appelle Adam-Kadmon) et donc se considère comme son égale. Elle refuse de se tenir au-dessous de lui quand ils font l’amour, ce qui provoque une dispute. Elle invoque alors le nom de l’Éternel, des ailes lui poussent, et elle abandonne Adam et l’Éden. Devant les plaintes d’Adam, Dieu envoie trois anges convaincre Lilith, qui refuse. Elle est donc celle qui dit non à la fois à la position que lui propose l’homme dans leur couple et à la fois à la tentative de réconciliation de Dieu lui ordonnant de se plier au désir de l’homme.

Elle se voit en conséquence punie par Dieu, premièrement de voir tous ses enfants mourir à la naissance. Mais, désespérée par cette mort qui ne peut plus que naître d’elle, elle décide de se suicider. Les anges lui donnent le pouvoir de tuer les enfants des hommes (jusqu’à la circoncision, au huitième jour, pour les garçons, et jusqu’au vingtième jour pour les filles). Elle rencontre ensuite le démon Samaël, l’épouse et s’installe avec lui dans la vallée de Jehanum, où il prend le nom d’Adam-Bélial.

Pour vengeance, Lilith devient le serpent qui provoque la Chute d’Ève, et incite Caïn à tuer Abel. Comme ses enfants s’entretuent, Adam refuse de coucher avec Ève, ce qui permet à Lilith d’enfanter des nuées de démons (avec le sperme d’Adam qui tombe à terre) pendant cent trente ans.

Plus tard, dans le Livnat ha Sappir, Joseph Angelino identifie Lilith à la reine de Saba, dans son rôle de tentatrice ; l’une des deux prostituées qui se disputent un enfant devant Salomon est, selon ce livre, également Lilith.

Dans le Talmud et le Zohar:
Dans la démonologie des midrach et du Zohar (Le Livre des splendeurs), il y a deux Lilith, la petite et la grande :

la grande est l’épouse de Samaël, c’est la femme de la dépravation. Les Geonim expliquent qu’elle contrôle 480 légions, autant que la valeur numérique de son nom. Pour avoir, malgré tout, sauvé quelques enfants (dont le fils du roi Nabuchodonosor), elle est autorisée à remonter sur Terre à l’approche du crépuscule.
la seconde est l’épouse d’Asmodée, prince des Enfers où Lilith règne en toute majesté, avec les trois autres reines des démons : Igrat, Mahalath et Nahemah et toutes leurs cohortes qui donnent naissance à des enfants par légions.
Rabbi Yehouda Bar Rabbi l’explicite dans sa Genèse Rabba : « Le Saint béni soit-il avait créé une première femme, mais l’homme, la voyant rebelle, pleine de sang et de sécrétions, s’en était écarté. Aussi le Saint béni soit-il s’y est repris et lui en a créé une seconde »(Genèse Rabba 18:4). Puis : « Caïn qui se querellait avec Abel pour [la possession] de la première Ève, le tua… pour être sûr d’en être le seul possesseur (de la petite Lilith sa propre mère). À eux deux, ils engendrèrent la portion diabolique de l’humanité comme Adam et Ève en engendrèrent la portion bénéfique… » (Genèse Rabba 22:7→30).

Lilith : une Messaline avant la lettre:
Quels que soient les exégètes, Lilith est toujours décrite ou perçue comme une maîtresse femme qui a un fort ascendant sur Adam et un appétit sexuel insatiable. Cela dit, il existe plusieurs versions hébraïques de ce mythe, ci dessous, l’une des plus répandues.

Adam se serait séparé de Lilith pour plusieurs raisons, toutes d’ordre sexuel :

Lilith qui refusait de voir son corps déformé par les grossesses pratiquait la contraception voire peut-être l’avortement (ce qui va à l’encontre du Commandement formulé plus tard dans la Bible « Croissez et multipliez-vous ») ;
Adam soupçonnait Lilith, l’insatiable, de forniquer avec les incubes (démons mâles), contrevenant ainsi au Commandement « Tu n’auras d’autres époux que ton époux » ;
Adam ne souhaitait pratiquer les relations sexuelles principalement ou uniquement en s’en tenant à la position du missionnaire. Mais Lilith, elle, rejetait les postures les plus classiques (qui donnaient toutes la supériorité à l’homme durant l’acte sexuel) et particulièrement celle dite position du missionnaire qui imposerait à la femme une position inférieure. Lilith revendiquait ainsi clairement son statut de « paire » ;
Finalement, Lilith, lasse de subir les reproches, les scènes et les exigences de son compagnon, se révolte ouvertement.
Adam, sous le coup de la colère et voulant faire preuve d’autorité, la chasse du paradis terrestre. YHVH, prévenu, envoie les 3 anges de la Médecine (Snvi, Snsvi et Smnglof) pour essayer de la raisonner.

Mais elle refuse d’obtempérer aux demandes du Divin, ce qui est l’un de ses traits de caractère. Finalement, chassée par l’homme du Paradis, Lilith, éperdue, fuit droit devant elle, jusqu’aux abords de la mer Rouge. Là, elle cherche des humains mais ne trouve que des animaux et des démons. Chassée de l’Humanité elle se jette dans la ‘diablerie’ et commence (ou continue) à entretenir des relations avec le grand démon mais aussi avec nombre de démons et démones succubes.

Finalement YHWH prend acte de l’irrémédiabilité de ses turpitudes et la rejette définitivement de la surface de la Terre vers l’abîme, au fond des océans, elle y demeure ensuite, profitant des grottes sous-marines pour rejoindre la Géhenne, procréant au passage une multitude de démons tant aquatiques qu’infra-terrestres. Elle devient ainsi la Femme des trois mondes, seul le monde céleste lui restant fermé.

De « Première femme » à « Première démone »:
Lilith surpasse rapidement les succubes, servantes attitrées de Lucifer, sans en être une elle-même. Elle y obtient vite le titre de « Première démone », la préférée de Lucifer. Mais, l’épouse de Lucifer, Grande maîtresse des servantes appelées succubes n’a par contre aucune autorité sur les démons mâles (beaucoup plus nombreux) placés sous l’exclusive férule de son époux, fils de Satan. Une nouvelle fois, elle se venge en le trompant abondamment. Lui, la trompe à son tour avec Ève.

Dans ces profondeurs océaniques où des prières et objurgations multiples tentent de l’y maintenir pour l’empêcher de troubler la vie des Hommes et particulièrement des jeunes Hommes (par définition, encore peu expérimentés), sur terre. Mais ces prières assez efficaces de jour, perdent de leur force au début de la nuit, Lilith, aidée, propulsée par toutes les forces du mal, en profite pour sortir des Abîmes. Les mères et les jeunes mariées, doivent tout faire pour éviter de laisser leur fils et époux seuls aux abords du crépuscule. Car alors, devenus une proie facile pour cette démone, toujours à l’affût, ils seraient entraînés, directement, vers la débauche pour toujours.

L’image de Lilith:
Physiquement, d’après la tradition talmudique :

Lilith serait rousse, sombre de teint, aux yeux noirs ou brun foncé : « Je suis noire, mais je suis belle »,
Ève serait châtain (voire blonde) au teint et aux yeux clairs : « Je suis Ève, la claire »,
À ce propos le tableau de John Collier Lilith (en 1892), représente une Lilith, au teint et cheveux clairs, qui pourrait tout aussi bien s’appeler Ève (épisode du Serpent compris).

Moralement comme psychiquement, Lilith fonctionne alternativement comme image du démon sexuel et comme femme fatale, stérile, là où Ève est davantage vue comme la femme docile à l’homme, aussi idéale que génitrice.

Lilith n’était pas qu’une femme, c’était aussi Celle qui savait, surnom qui lui fut donné par Bélial à cause de sa grande intelligence.

En tant que femme supplantée ou abandonnée, au bénéfice d’une autre femme, Lilith représente les haines familiales, la dissension des couples et l’inimitié des enfants.

Dévorée elle-même par la jalousie, elle tue les nouveau-nés allant jusqu’à les dévorer, s’enivrant de leur sang. Si la garde des mères est trop vigilante, Lilith déterre leurs cadavres, les vidant de leurs entrailles, ne laissant que quelques fétus de paille.

Toujours selon la Tradition juive, Lilith, punie par la stérilité, pousse Satan, déguisé en serpent, à pervertir Ève en la possédant charnellement. De cette union, naît le premier être humain ombiliqué (doté d’un nombril contrairement à ses divers parents) : Caïn qui commet le premier meurtre sur Terre, en tuant Abel, son propre frère. Ainsi, Lilith, est quadruplement vengée : à travers l’homme trahi (Adam), à travers la mère bafouée et trompée, à travers l’enfant perverti devenu assassin (Caïn) et quatrièmement par l’enfant tué. Bien au-delà de la vengeance, Lilith peut jouir du mal pour le mal en tant que pratiquante du satanisme.

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