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Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
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Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
Co-construction d’un Mythe : le mythe cosmogonique Dogon
C’est un mois renardesque, et j’ai voulu me rendre sur les traces du fameux Yurugu, le renard pâle mythique des Dogons. L’occasion de faire la différenciation du vrai du faux !
Je commencerais par vous présenter deux versions différentes du mythe ainsi que le renard pâle. Ensuite je vous présenterais les critiques et les biais des travaux à l’origine de ce mythe, et en quoi il est une co-construction de l’ethnologue Marcel Griaule.
Je commencerais par vous présenter deux versions différentes du mythe ainsi que le renard pâle. Ensuite je vous présenterais les critiques et les biais des travaux à l’origine de ce mythe, et en quoi il est une co-construction de l’ethnologue Marcel Griaule.
Le renard pâle
A l’origine d’un des protagonistes du mythe Dogon, voici le fameux renard pâle :
Le renard pâle, de son nom latin « Vulpes pallida », est un renard africain, vivant préférentiellement dans la savane et les zones désertiques. D'ailleurs son pelage se confond aisément avec le sable. On le retrouve au Sénégal, au Soudan, au Mali, Burkina Faso, au Bénin et au Niger.
C'est une des espèces de renard les plus méconnues. Il vit essentiellement la nuit, et le jour se protège dans des terriers ressemblant à de véritables labyrinthes.
Le renard pâle, de son nom latin « Vulpes pallida », est un renard africain, vivant préférentiellement dans la savane et les zones désertiques. D'ailleurs son pelage se confond aisément avec le sable. On le retrouve au Sénégal, au Soudan, au Mali, Burkina Faso, au Bénin et au Niger.
C'est une des espèces de renard les plus méconnues. Il vit essentiellement la nuit, et le jour se protège dans des terriers ressemblant à de véritables labyrinthes.
Dans les mythes africains de l’Ouest, on associe souvent le renard au chacal, ils ont souvent le même rôle dans les récits africains. Dans le mythe Dogon, le renard pâle incarne le savoir ésotérique qu’il initie à certains hommes pour que ces derniers accèdent à la divination.
Le(s) Mythe(s) créateur(s)
En sachant que la transmission des récits est essentiellement orale en Afrique, voici deux versions «écrites » du mythe cosmogonique dogon retranscrit par M. Griaule et ses collaborateurs.
Première version
- Spoiler:
Selon le mythe cosmogonique dogon, l'univers provient de l'infiniment petit: il fut crée par la parole du dieu Amma. L'univers s'expandit et forma une vaste matrice, composée d'un double placenta qui devait donner naissance à deux couples de jumeaux, précurseurs de l'Homme : Ogo, futur renard pâle imparfait, et Nommo, accompagnés de leurs jumelles.
NB : Les dogons évoquèrent ces foetus sous la forme de "silure", car ils considèrent que le foetus respire avec des branchies dans le liquide amniotique.
Pendant la gestation, Ogo se révolta, trop impatient et sortit de l'oeuf avant terme, sans attendre la fin du développement de sa jumelle. Sans elle, il restera seul, et donc imparfait.
Avec un morceau du placenta arraché à Amma, il descendit dans l'obscurité primordiale et créa la terre. Pour pallier au manque de sa jumelle, dans un acte incestueux, il pénétra la terre (le fruit du placenta de son créateur): il s'unissait avec sa mère.
NB : Selon Alfred Adler et Michel Cartry, ce serait à l’origine la mise en évidence du caractère transgressif, non de l'inceste particulièrement, mais plutôt à travers la volonté d'imiter le dieu créateur, Amma: ainsi Ogo le concurrence par le pouvoir de la création. Le placenta serait une partie propre à Ogo avant d'être sa mère, comme ci celui ci désirait créer un nouvel univers qui serait le sien, comme un "jumeau".Cet acte fit apparaître le désordre dans l'univers. Amma le punit en le transformant en un petit renard pâle, le Yurugu.
Pour rétablir l'ordre à travers la symétrie, Amma sacrifia son deuxième fils: Nommo.
Les parties de son corps furent répandues aux quatre coins de l'univers, et formèrent les points cardinaux.
Du sang naquirent les astres, la faune et la flore.
La dispersion de ses organes détermina la formation et le mouvement des étoiles et des planètes.
De son cordon ombilical naquit l'étoile Sirius.
Amma ressuscita Nommo et façonna avec son placenta, les premiers ancêtres des hommes.
Comme les éléments furent crées, Nommo et ses enfants descendirent sur terre à l'aide d'une arche.
Le monde s'organisa en fonction des éléments apportés par l'arche, la société se créa ainsi, et dûe cohabiter avec la présence perturbatrice du Yurugu.
Une seconde version
- Spoiler:
- Dans une autre version, Yurugu n’est pas né de la même façon. Cette version met en évidence l’importance de la gémellité comme gage d’harmonie et de perfection. Il met aussi en évidence le rôle du renard pâle, qui acquière la parole sacrée avec laquelle il enseignera les secrets divins aux hommes.Aux origines de ce monde, Amma créa d'abord la terre: ce fut la femme à laquelle il s'unit. Il s'attendait à avoir des jumeaux, mais Amma rata sa création: au moment où le dieu tente de se ré-accoupler avec la terre, une fourmilière, clitoris de celle-ci, se dressa, et naquit alors Yurugu, le renard pâle (dit aussi le chacal), être unique et imparfait.
Celui qui sera à la source de situations chaotiques et de problèmes futurs.
La fourmilière fut excisée, Amma s'unit à nouveau à la terre soumise, et cette fois ci, le Nommo, le couple de jumeaux et symbole de l'essence divine, naquit.
Ce sont deux êtres de corps vert et lisse, mi poisson, mi humains, maîtres de l’eau et de la parole.
Pour habiller la mère terre nue, le Nommo décida de lui tisser une jupe à partir des fibres de plantes célestes. Dans les tresses le Nommo, composé d'eau, insuffle la parole par son double souffle divin: c’est la première parole.Dieu d'eau : entretiens avec Ogotemmeli, Marcel Griaule a écrit:Le tissage étant une parole, fixant la parole dans le tissu par le va-et-vient de la navette sur la chaîne, la culture par le va-et-vient du paysan sur les parcelles, fait pénétrer le verbe des Ancêtres, c'est-à-dire l'humidité dans la fibre et dans la terre travaillée, fait reculer l'impureté et étend la civilisation autour des lieux habités.Frustré et envieux, le renard pâle tenta de s'emparer de ce pouvoir en pénétrant la terre, sa mère. Celle-ci pris la forme d'une fourmi qui se réfugia dans son propre sein, mais ne put échapper à Yurugu. Il commit l'inceste et le désordre pour atteindre son objectif, et obtint alors la première parole, le sigi so* et pouvait connaître les desseins d'Amma. Plus tard, il enseignera et d'initiera par cette langue, le secret de la divination aux hommes. Depuis, la terre saigne, et les menstruations féminines rappellent cet évènement. Amma, se détourna de sa femme souillée, et créa les huits ancêtres.
Ensuite s'ensuivent nombreuses péripéties sur lesquelles je ne continuerais pas, simplement, et il y'eut plusieurs générations de langage, jusqu'à la troisième parole qui permettra la véritable organisation de la société, fondée sur le travail et la communauté.
*Le sigi so: C'est la langue sacrée dogon, parlée seulement par les initiés. Dans la mythologie dogon, le sigi so serait la langue enseignée par le Nommo ou par Amma aux hommes. La langue dogon ne serait parlée que par ceux qui n'ont pas su apprendre le sigi so, langue sacrée, langue secrète des masques parlée lors des grandes cérémonies comme le Dama (funérailles) et le sigi (renouvellement du monde tous les soixante ans).
Les tables du renard pâle
On utilise la table du renard pour connaître les auspices des futurs évènements de la vie, comme les accouchements, mariages, maladie, voyages, conseils, mais aussi pour communiquer avec les défunts ancêtres.
On dessine la table avant le coucher du soleil avec un certain code: un bâton couché en symbole d'un ancêtre, un autre debout représenterait une personne vivante, des tas de sable comme symbole des biens matériels. Pour attirer le renard, on place dans les cases de la table des graines d'arachides (la graine étant un élément du mythe cosmogonique dogon). Au petit matin, le devin ou le spécialiste tentera d'interpréter les traces laissées par le renard.
On dessine la table avant le coucher du soleil avec un certain code: un bâton couché en symbole d'un ancêtre, un autre debout représenterait une personne vivante, des tas de sable comme symbole des biens matériels. Pour attirer le renard, on place dans les cases de la table des graines d'arachides (la graine étant un élément du mythe cosmogonique dogon). Au petit matin, le devin ou le spécialiste tentera d'interpréter les traces laissées par le renard.
Le yurugu a des interdits. Pour bien déchiffrer ses messages, il réserve certaines conditions. Celles ci sont révélées dans le conte dogon de Yasama:
Il est difficile d'interpréter les traces que l'animal dessine si celui-ci n'a pas entendu son "tige" (son titre d'honneur promulgué par un chant) de la bouche de l'officiant.
On doit éviter les rapports sexuels pendant trois jours avant d'interroger le yurugu.
Il n'est pas bénéfique d'entendre le nom de l'animal au moment où l'on va faire la consultation.
Il est interdit de consulter le renard au moment où l'on entend les coups de pilons des femmes qui pilent le mil pour le repas du soir.
Lorsque l'on rencontre des enfants sur le chemin, il faut leur dire: "excusez-moi, je vais au yurugu!" Et ces derniers doivent répondre: "Que Dieu honore ta marche!"
Il est interdit de porter à boire au yurugu avec une calebasse autre que bosselée.
Il est interdit de retourner chez soi avec le reste des aliments offerts au yurugu. S'il en reste, on le donne aux enfants qui le mangent et posent le récipient vide renversé sous un grenier.
En cas de doute, il faut poser trois fois la même table de divination, et si nécessaire faire intervenir d'autres connaisseurs afin d'éviter les erreurs d'interprétation.
Le yurugu n'admet pas qu'on mente (on dit que la table du menteur est toujours vierge.)
La connaissance de la table du yurugu se fait par grade. Il y'a différents types de renards, certains renards disent directement ce qu'ils ont envie de communiquer, d'autres embrouillent davantage le néophyte.
Du moins sage au plus sage, il y'a le renard rouge, le renard blanc, et le yurugu bukaru. On rencontre difficilement ce dernier, mais il parait que ce qu'il communique est la pure vérité. S'il y'a des grades parmi les émetteurs de messages, il y'en a aussi parmi les récepteurs-lecteurs.
Le renard n'aime pas la pluie et ne communique pas en saison de pluies. Il faut offrir de la bière de mil au yurugu en fin de saison.
Le mythe Dogon : une co-construction, et idéalisation d'une société
Nous retrouvons plusieurs versions de ce mythe, et une aura mystérieuse enveloppant ce peuple : son mythe cosmogonique expliquerait les règles et l’organisation sociale propre aux Dogons, garantissant particulièrement un fonctionnement harmonieux. A travers les travaux de l’ethnologue Marcel Griaule, beaucoup d’occidentaux sont attirés par le pays Dogon, en quête d’émerveillement et de découvertes de traditions africaines ancestrales. Et pourtant, aujourd’hui nous savons que le mythe cosmogonique dogon est une construction figée du mythe, à travers les questions orientées que Griaule posa à Ogotemmêli le célèbre Hogo et vieux chasseur aveugle dogon. Ogotemmêli aurait adapté ces contes à la situation d'énonciation, changeant à son bon vouloir le nom des personnages ou des lieux tout en gardant le fond textuel.
La transmission orale : un mythe fluide et impalpable
Dans la tradition africaine, les mythes se construisent par la tradition orale. Le mythe Dogon est impalpable, et singulier selon celui qui transmet et celui qui reçoit. La parole mythique est fluide, laissant particulièrement place à l'imagination et aux représentations, donnant lieu à plusieurs sens, ce qui laisse une marge de liberté dans la compréhension du récit. Chaque transmission et récitation du mythe est une transformation créatrice volontaire, non un effet d'oubli ou de distorsion. Si les dogons utilisent un support schématique commun du mythe, ils le font varier selon le contexte, leurs préoccupations et vision personnelle.
Ethnologie et langage : la parole chez les Dogon, Geneviève Calame-Griaule a écrit:« On peut trouver des variantes même dans les textes les plus chargés de valeur et considérés par les Dogon comme les plus immuables ».
De plus chez les Dogons, le mythes et les connaissances sacrées sont l’apanage du Hogon : haut dignitaire religieux et sage, l’homme le plus vieux du village appartenant à un cercle initiatique fermé, seul gardien des traditions.
Quelques mots peu exhaustifs sur le peuple Dogon :
Le peuple Dogon est l'une des 12 ethnies maliennes se situe dans la région centre-ouest malienne, et vit principalement de l'agriculture et l'élevage. La zone est désertique et le climat aride. Ils sont estimés environ à 700 000 personnes. Selon leur tradition orale, ils se seraient installés au XIVeme siècle sur les falaises de Bandiagara situées dans le massif du Hombori, dans le Macina (la boucle du fleuve Niger), pour échapper à l'islamisation et ses lois (esclavagisme, etc).
Ils parlent le dogon et aussi le français depuis la colonisation française au début du XXème siècle, jusqu'à l'indépendance du Mali en 1960.
Les Dogon comme 10% de la population malienne, sont animistes comme toutes les populations restées à l'écart de l'influence occidentale ou arabe. Aujourd’hui, il y’a des églises ou des mosquées construites dans les villages, même si les habitants sont animistes.
Ils parlent le dogon et aussi le français depuis la colonisation française au début du XXème siècle, jusqu'à l'indépendance du Mali en 1960.
Les Dogon comme 10% de la population malienne, sont animistes comme toutes les populations restées à l'écart de l'influence occidentale ou arabe. Aujourd’hui, il y’a des églises ou des mosquées construites dans les villages, même si les habitants sont animistes.
Le mythe d’une société utopique :
L’Harmonie :
La société Dogon a été particulièrement idéalisée par les ethnologues occidentaux en début de siècle, et cette représentation de société harmonieuse reste encore ancrée. Dans ses travaux, Marcel Griaule a négligé le fonctionnement social des Dogons, en n’étudiant que ce qui transparaissait en surface. La critique qui lui a été souvent faite, c’est son assimilation absolue du mythe cosmogonique au fonctionnement social Dogon. L'ethnologue Van Beek a parlé d'une "création collective d'une culture dogon mystagogique" (une culture dominée par les pratiques initiatiques).
A la base, l'organisation de cette société accorde une grande importance aux comportements conciliants, au consensus social en dépit des intérêts individuels. La vie publique est théâtralisée, les individus doivent s'identifier à une image qui répond aux problématiques des situations, et gardent les attitudes de leur personnage social. On perçoit donc une apparence d'exemplarité dans les relations, et conduites sociales, masquant ainsi les tensions et conflits sous-jacents. Il est possible d'aller contre les règles établies, mais cela est fait de façon moins visible, sous la surface de cette codification sociale d'apparence rigide.
D’ailleurs, on relève la pratique de la "parenté à plaisanterie", qui permet d’apaiser les conflits avec les peuples voisins. Cette pratique consiste à rire, se moquer voire insulter des habitants de tribus voisines, cela sans conséquences, pour simplement décristalliser les conflits interpeuplades. Les Dogons ont longtemps souffert d’une image négative, car considérés comme « habbé », païens, féticheurs, par les Peuls. Actuellement les Dogons ont étendu leurs relations à des groupes auxquels il aurait été inconcevable de penser auparavant.
A la base, l'organisation de cette société accorde une grande importance aux comportements conciliants, au consensus social en dépit des intérêts individuels. La vie publique est théâtralisée, les individus doivent s'identifier à une image qui répond aux problématiques des situations, et gardent les attitudes de leur personnage social. On perçoit donc une apparence d'exemplarité dans les relations, et conduites sociales, masquant ainsi les tensions et conflits sous-jacents. Il est possible d'aller contre les règles établies, mais cela est fait de façon moins visible, sous la surface de cette codification sociale d'apparence rigide.
D’ailleurs, on relève la pratique de la "parenté à plaisanterie", qui permet d’apaiser les conflits avec les peuples voisins. Cette pratique consiste à rire, se moquer voire insulter des habitants de tribus voisines, cela sans conséquences, pour simplement décristalliser les conflits interpeuplades. Les Dogons ont longtemps souffert d’une image négative, car considérés comme « habbé », païens, féticheurs, par les Peuls. Actuellement les Dogons ont étendu leurs relations à des groupes auxquels il aurait été inconcevable de penser auparavant.
Les rumeurs astronomiques et ufologiques
Avec les travaux de Griaule et d’autres « livres » actuels (de personnes qui ne sont jamais allées sur le terrain enquêter, et qui ont tendance à trouver des causalités ufologiques), il y’eut une vague de déformations des faits: celle que les Dogons auraient depuis des millénaires, des connaissances pointues et poussées en astronomie, notamment sur le système de Sirius, dont il est impossible de voir à l’œil nu.
Il s’est avéré avec les recherches de Van Beek, qu’'il n'y avait aucune trace d'une tradition autour de Sirius dans la mythologie dogon, et que Griaule aurait induit ces connaissances dans ses entretiens d’enquête avec les habitants. De plus, une théorie stipule une contamination culturelle durant la période coloniale, avec l’influence de nombreux colons et explorateurs ayant lu les œuvres de Camille Flammarion, ainsi que la diffusion du magazine de l’époque, « L’astronomie ».
Il y'eut d'autres influences en terme de savoir astronomique, notamment avec la culture musulmane: quelques indices vont dans ce sens dans l'explication de la structure cosmogonique, comme le nombre de ciels (importance du chiffre 7), le modèle en étages correspondent au “Récit de l’échelle de Mahomet”.
Il s’est avéré avec les recherches de Van Beek, qu’'il n'y avait aucune trace d'une tradition autour de Sirius dans la mythologie dogon, et que Griaule aurait induit ces connaissances dans ses entretiens d’enquête avec les habitants. De plus, une théorie stipule une contamination culturelle durant la période coloniale, avec l’influence de nombreux colons et explorateurs ayant lu les œuvres de Camille Flammarion, ainsi que la diffusion du magazine de l’époque, « L’astronomie ».
Il y'eut d'autres influences en terme de savoir astronomique, notamment avec la culture musulmane: quelques indices vont dans ce sens dans l'explication de la structure cosmogonique, comme le nombre de ciels (importance du chiffre 7), le modèle en étages correspondent au “Récit de l’échelle de Mahomet”.
Quelques autres critiques des travaux de Marcel Griaule:
Le Critique du manque de neutralité: Griaule était particulièrement fasciné par la société Dogon, percevant une société harmonieuse (pourtant en surface) à travers les codes de consensus social.
Critique de l'authenticité des traductions: Marcel Griaule et Germaine Dieterlen ont appris progressivement le dogon au fil de leurs recherches, par contre, ils ne maîtrisaient pas la langue secrète Dogon, le "sigi so", propre à la société des masques, réservée aux initiés. Hors c'est ce langage sacré qui permet d'appréhender réellement le mythe cosmogonique dogon. Griaule s'exprime en dogon et surtout en français avec les habitants de la tribu. Il s'adressa aussi à des jeunes interprètes qui essayer de lui traduire au mieux le dogon et les paroles en sigi so.
On ne retrouve pas la même explication du mythe par les habitants.
Les conséquences actuelles:
Les Dogons se sont appuyés sur ce mythe co-construit par Griaule, pour mettre en avant leur identité, toutefois une identité « reconstruite » sur la vision idéalisée occidentale.
Le tourisme a fleuri dans le pays Dogon, perçu comme un des premiers vestiges de l’humanité. Les jeunes des villages s’autoproclament « guides », et font suivre un parcours quasi-balisé aux touristes, sous couvert de lieux sacrés et interdits. Alors les visiteurs ne s’éloignent pas trop des chemins indiqués. Il y’a aussi aujourd'hui une forte influence de l’art Dogon sur le marché, le business s’appuyant sur la réputation d’art primitif, et d’authenticité ancestrale.
Le tourisme a fleuri dans le pays Dogon, perçu comme un des premiers vestiges de l’humanité. Les jeunes des villages s’autoproclament « guides », et font suivre un parcours quasi-balisé aux touristes, sous couvert de lieux sacrés et interdits. Alors les visiteurs ne s’éloignent pas trop des chemins indiqués. Il y’a aussi aujourd'hui une forte influence de l’art Dogon sur le marché, le business s’appuyant sur la réputation d’art primitif, et d’authenticité ancestrale.
Dogons et Dogon, Retours au « pays du réel », Gaetano Ciarcia a écrit:« Selon elle (Anne Doquet), le discours mythographique sur la société dogon suppose un processus d’homogénéisation culturelle qui a entraîné la folklorisation de certains aspects de cette société. »
Pour conclure: Les biais de l'approche ethnologique de Marcel Griaule ont distordu et même participé à la reconstruction du mythe, et par delà même, des représentations du peuple dogon et du bouleversement social et culturel qui s'ensuit.
Les récits mythologiques en Afrique sont impalpables, en perpétuelle transformation et faisant l'objet d'interprétations différentes, comme c'est le cas avec la plupart des mythes partagés via transmission orale.
On peut retrouver des éléments essentiels dans la retranscription du mythe par Griaule, et dans la transmission orale des dogons. Van Beek a relevé le rôle de la fourmi, la fourmilière, les jumeaux comme catégorie sociale particulière, les symboliques de chiffre, comme le huit associé au Binou (un des ancêtres protecteurs rattaché à l'élément Eau), le quatre à la femme et le trois à l'homme. On retrouve aussi l'intérêt porté à la sexualité, aux objets et à la parole.
Malgré l'apparent isolement du peuple dogon depuis des siècles, on note aussi des influences et des apports des musulmans, des chrétiens (La cosmogonie dogon des Masques évoque la genèse, et le premier couple humain: Adawa et Ewa). Mais on y retrouve des emprunts d'éléments aux ethnies voisines, comme les Bambara, Sonray, Bozi ou Mossi.
A propos du Yurugu, il est le principe de désordre complémentaire pour maintenir l'équilibre du monde. Tel une sorte de Prométhée, il enseigne les secrets de divination aux hommes, via la langue sacrée.
Les récits mythologiques en Afrique sont impalpables, en perpétuelle transformation et faisant l'objet d'interprétations différentes, comme c'est le cas avec la plupart des mythes partagés via transmission orale.
On peut retrouver des éléments essentiels dans la retranscription du mythe par Griaule, et dans la transmission orale des dogons. Van Beek a relevé le rôle de la fourmi, la fourmilière, les jumeaux comme catégorie sociale particulière, les symboliques de chiffre, comme le huit associé au Binou (un des ancêtres protecteurs rattaché à l'élément Eau), le quatre à la femme et le trois à l'homme. On retrouve aussi l'intérêt porté à la sexualité, aux objets et à la parole.
Malgré l'apparent isolement du peuple dogon depuis des siècles, on note aussi des influences et des apports des musulmans, des chrétiens (La cosmogonie dogon des Masques évoque la genèse, et le premier couple humain: Adawa et Ewa). Mais on y retrouve des emprunts d'éléments aux ethnies voisines, comme les Bambara, Sonray, Bozi ou Mossi.
A propos du Yurugu, il est le principe de désordre complémentaire pour maintenir l'équilibre du monde. Tel une sorte de Prométhée, il enseigne les secrets de divination aux hommes, via la langue sacrée.
Sources:
- Spoiler:
- http://www.manimalworld.net/pages/canides/renard-pale.html
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c5/Table_du_renard.jpg
ethnologie.unistra.fr/uploads/media/petit_journal_cosmo_compre.pdf
http://www.regardsdogonsasbl.be/les%20dogons%20du%20mali.html
http://revel.unice.fr/loxias/?id=1319
http://recherche.univ-montp3.fr/cerce/r5/a.d.htm
http://span.revues.org/309
http://www.astrosurf.com/luxorion/dogons-astronomie5.htm
http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=SH_159_0032
http://www.scienceshumaines.com/les-dogon-la-fabrication-d-un-mythe_fr_4814.html#achat_article
https://books.google.fr/books?id=_9xmlNbwMI8C&pg=PA87&lpg=PA87&dq=v%C3%A9ritable+mythe+dogon&source=bl&ots=PxdVmPy48M&sig=5w3SkqfiD4b_AXfluizaiC1EjTA&hl=fr&sa=X&ei=oAXRVLH1C9PZau-wgPAM&ved=0CFoQ6AEwCQ#v=onepage&q=v%C3%A9ritable%20mythe%20dogon&f=false
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1971_num_11_3_367194
http://rootsvoyage.canalblog.com/archives/2009/03/04/17841336.htm
http://www.jstor.org/discover/10.2307/40590224?sid=21105786122763&uid=4&uid=2129&uid=3739256&uid=70&uid=2l
http://www.cairn.info/revue-l-homme-2001-1-page-217.htm
Re: Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
Très intéressant la façon dont l'anthropologie reste au final sujette à l'ethnocentrisme
Merci Fennec!
Merci Fennec!
Re: Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
Merci Fennec pour ce très intéressant et complet dossier sur le renard pâle.
La consultation de la table du Renard est très usitée encore de nos jours au Pays Dogon.
La consultation de la table du Renard est très usitée encore de nos jours au Pays Dogon.
énergie- énergie libre
- Nombre de messages : 78
Pratiques magiques/ spiritualité : se cherche
Re: Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
Merci à vous!
Oui Energie, elle est encore usitée, par contre je ne sais pas si elle est utilisée spontanément, ou si c'est dû à la "folklorisation" et donc pour l'attrait touristique.
Oui Energie, elle est encore usitée, par contre je ne sais pas si elle est utilisée spontanément, ou si c'est dû à la "folklorisation" et donc pour l'attrait touristique.
Dernière édition par Fennec le Mer 11 Fév 2015 - 16:43, édité 2 fois (Raison : fôte)
Re: Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
Pour l'attrait touristique c'est certain, mais également pour les événements importants rencontrés tout au long de leur vie. En Afrique les Marabouts ont encore une place importante, leurs conseils et divinations sont très respectés
Dernière édition par énergie le Mer 11 Fév 2015 - 18:02, édité 1 fois (Raison : fautes)
énergie- énergie libre
- Nombre de messages : 78
Pratiques magiques/ spiritualité : se cherche
Re: Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
Le maraboutage est différent culturellement, ce n'est pas tout à fait pareil
En plus, cela dépend des régions et des cultures, ainsi que des religions, l'Afrique est vaste ^^
Bien à toi
En plus, cela dépend des régions et des cultures, ainsi que des religions, l'Afrique est vaste ^^
Bien à toi
Re: Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
Merci pour ce post Fennec !
Hermine- Recherche de la maîtrise des énergies
- Nombre de messages : 1102
Pratiques magiques/ spiritualité : Wild Child / Way of the Nanowarrior
Localisation : Plouf
Re: Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
Oui je comprends bien mais je ne parle pas de Maraboutage au sens sorcellerie et envoûtement .... Je parle de voyance, divination.
Dans ce cas mea culpa problème de vocabulaire :on parle de Marabout dans la zone subsaharienne mais plutôt de sorcier au pays Dogon
Dans ce cas mea culpa problème de vocabulaire :on parle de Marabout dans la zone subsaharienne mais plutôt de sorcier au pays Dogon
énergie- énergie libre
- Nombre de messages : 78
Pratiques magiques/ spiritualité : se cherche
Re: Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
Et de voyant sur ce forum! ^^
Un sorcier, un marabout, un mage, travaille activement avec les énergies, les entités.
Un voyant ne fait que voir l'avenir, au travers de la voyance, ou de la divination
Bien à toi
PS : oui, pour des questions de compréhension, on est des gros chieurs du vocabulaire
Un sorcier, un marabout, un mage, travaille activement avec les énergies, les entités.
Un voyant ne fait que voir l'avenir, au travers de la voyance, ou de la divination
Bien à toi
PS : oui, pour des questions de compréhension, on est des gros chieurs du vocabulaire
Re: Le Renard Pâle et la Reconstruction du Mythe Dogon
D'ailleurs, ça me rappelle une émission radio publiée par Hagel y'a quelques mois:Maladies paranormales et rationalités
Mr Kenmogne y expliquait que le terme "sorcier" était une déformation occidentale, car chaque pays d'Afrique a une conception différente, et un vocabulaire différent pour désigner ce rôle.
Voici le passage qui résume cette idée:
Mr Kenmogne y expliquait que le terme "sorcier" était une déformation occidentale, car chaque pays d'Afrique a une conception différente, et un vocabulaire différent pour désigner ce rôle.
Voici le passage qui résume cette idée:
Kenmogne pose le problème philosophique, et le problème des définitions qui sont derrières ces incompréhensions du fonctionnement de cette pensée. Quand on attribue à un soignant du monde invisible le terme de "sorcier", en Occident et dans d'autres cultures, ça nous ramène à une représentations du jeteur de sort, maléfique. Et ce terme déforme aussi le véritable sens de ce qu'est le soignant de l'invisible. Chaque pays d'Afrique en a sa propre conception (il cite "maître du secret," "connaisseur des choses cachés",...).
L'intervenant explique qu'il est important ne pas nommer "sorcier" ces soignants , mais de leur demander comment ils appellent leur rôle.
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