La pratique du tonglen

Source : le livre tibétain de la Vie et de la Mort- commentaires de Sogyal Rinpoché.

En préliminaire, Sogyal Rinpoché expose les diverses méthodes permettant d'éveiller la compassion et démontre l'importance et le pouvoir de celle-ci.

Le Tonglen est une pratique bouddhiste qui ne nécessite pas pour autant une foi religieuse et serait accessible à tous.

La pratique peut se résumer à :
Donner et recevoir - prendre sur soi la douleur et la souffrance de autres et à leur donner votre bonheur, votre bien-être et la paix de votre esprit.
Le Tonglen utilise le support de la respiration. Géshé Chekhawa écrivait :'donner et recevoir doivent être pratiqués alternativement. Cette alternance doit être placée sur le support de la respiration".
Il est difficile d'imaginer que l'on prend sur soi la souffrance des autres (particulièrement celle des malades ou des mourants) sans avoir au préalable établi en soi la force et l'assurance de la compassion. Ce sont cette force et cette assurance qui donneront à votre pratique le pouvoir de transmuter leur souffrance.

La pratique tonglen doit d'abord se diriger sur soi même avant de s'adresser à autrui.
Avant de diriger vers les autres votre amour et votre compassion, découvrez-les, approfondissez-les, créez-les et renforcez-les en vous-même. Guérissez-vous de toute réticence, détresse, colère ou peur qui pourraient vous empêcher de pratiquer le tonglen de tout votre coeur.

Les 4 étapes de la pratique :
Préliminaire : éveiller en vous la nature de l'esprit et y demeurer. Lorsque vous demeurez dans la nature de l'esprit, vous percevez toute chose directement comme "vide", illusoire et semblable au rêve. La compassion, comprise dans son sens le plus profond est reconnue comme le rayonnement naturel de la nature de l'esprit.

Tonglen pratiqué sur l'environnement :
Se libérer de l'emprise de nos humeurs et états d'âme in inspirant tout ce qui est insalubre. Lors de l'expiration, répandez autour de vous calme, clarté et joie...

Tonglen pratiqué sur soi-même
Divisez-vous en 2 aspects A et B; A est l'aspect sain, empli de compassion, aimable comme un ami véritable, à votre écoute sans jamais vous juger.
B est l'aspect de vous qui a été blessé, frustré et demeure amer ou en colère. Il a souffert dans ses relations personnelles, dans son enfance ou a été victime d'injustices.
En inspirant, imaginez que A ouvre complètement son coeur, accueille avec chaleur et compassion toutes les souffrances, négativités, douleurs et blessures de B. B lui ouvre lui aussi son coeur et toutes ses douleurs et souffrances disparaissent dans cette étreinte.
En expirant, imaginez que A envoie à B tout le pouvoir réparateur de son amour, toute sa confiance, son bien-être, son assurance et sa joie.

Tonglen pratiqué dans une situation vivante
Représentez-vous avec précision une situation dont le souvenir vous emplit de culpabilité car vous avez mal agi.
En inspirant, acceptez la totale responsabilité de vos actes lors de cette circonstance, sans essayer de justifier votre conduite. Reconnaissez ce que vous avez fait de mal et demandez pardon de tout votre coeur. En expirant, dispensez la réconciliation, le pardon, la guérison et la compréhension.
Vous inspirez ainsi la faute et expirez la réparation du mal causé; vous inspirez la responsabilité de vos actes et expirez la guérison et la réconciliation.

Tonglen pratiqué pour les autres
Il faut parvenir à élargir graduellement le cercle de votre compassion pour inclure les personnes qui vous sont très proche, puis celles qui vous sont indifférentes, qui vous déplaisent ou avec lesquelles vous êtes en conflit et enfin celles qui sont à vos yeux cruelles ou monstrueuses. La compassion doit devenir universelle....

C'est à ce stade que l'on expérimente la pratique principale de tonglen sur autrui et à l'intention des mourants.

"qui veut promptement sauver et soi-même et les autres, doit pratiquer le grand secret : l'échange de soi et d'autrui."

"Un amour aussi universel que celui-ci a guéri les lépreux de G C. Il pourrait peut-être également nous guérir d'une maladie plus dangereuse encore : celle de l'ignorance qui, vie après vie, nous a empêchés de réaliser la nature de notre esprit et par conséquent, d'atteindre la libération.

Résumé très grossier de la pratique de tonglen qui mériterait d'être plus développée.
Sa difficulté réside avant tout dans l'éveil de la nature de l'esprit qui doit rester stable.
Aussi j'ai entrepris la lecture de "la liberté naturelle de l'esprit" de Longchenpa" qui exige parfois des efforts de concentration et une continuité de lecture dont je ne dispose pas nécessairement. Certains thèmes sont plus difficile à aborder en raison de notre culture occidentale, du vocabulaire et des traductions.

La pratique de tonglen m'a particulièrement touchée mais elle ne s'improvise pas même s'il ne s'agit que d'inspirer et expirer, il faut se l'appliquer à soi même avant toute chose.

La pratique du tonglen m'a fait penser à l'article "prendre le mal sur soi"

Merci vendredi

Oui faudrait plus de détails sur la pratique, faut acheter le livre?

Mateo,

C'est presque volontairement que je n'ai pas détaillé ni retransmis la pratique sur autrui qui est au coeur du livre tibétain de la Vie et de la Mort.
Il existe de nombreuses traductions et interprétations des grands secrets (selon les lamas) et de nombreuses étapes et pratiques pour accompagner les mourants et les morts vers la libération, y compris les guider plusieurs jours ou semaines après leur mort si les processus précédents ont échoué. L
La finalité est particulièrement ambitieuse puisqu'il s'agit de mettre fin à la souffrance de la roue des réincarnations.
C'est une pratique avant tout spirituelle et complexe pour un esprit occidental car la nature de l'esprit "rigpa" aborde une quantité impressionnante de concepts et de pratiques :
- la sagesse, l'illusion, l'ignorance, l'égo, la vacuité, la formation du karma par la naissance de la conscience, la non saisie de toutes choses, la vacuité, la compassion ...
Chaque notion elle-même est développée et ordonnée car tout est lié et uni dans un grand tout.

Si je peux citer un autre extrait ce serait :
"Comment suivre le chemin
Nous possédons tous le karma qui nous permet de croiser un chemin spirituel ou un autre. Je vous encourage à suivre en toute sincérité le chemin qui vous inspire le plus.
Lisez les grandes oeuvres spirituelles de toutes les traditions, essayez de comprendre ce que les maîtres entendent par libération et éveil et découvrez quelle approche de la réalité absolue vous attire et vous convient le mieux.
Dans votre quête, faites preuve d'autant de discernement que possible. Le chemin spirituel exige une compréhension sobre et de subtiles facultés de discrimination car l'enjeu est la vérité la plus haute. Usez à chaque instant de bon sens. Soyez conscient avec autant de lucidité et d'humour que possible, du bagage que vous emportez avec vous sur le chemin : vos manques, vos fantasmes, vos faiblesses et vos objections.
Joignez à une conscience grandissante de ce que pourrait être votre vraie nature, une humilité équilibrée et terre à terre, une évaluation lucide de votre position sur le chemin spirituel et de ce qu'il vous reste encore à comprendre et à accomplir.
Le plus important est de ne pas se laisser piéger par une certaine "mentalité de consommateur". Connaître une voie, c'est les accomplir toutes."

Il n'est pas possible d'aborder plus en profondeur ces questions sans entrer dans la philosophie de la spiritualité bouddhiste qui pose également l'épineux problème de l'initiation à ses mystères par un maître spirituel.

Pour ceux qui seraient attirés et sensible à cette voie, Sogyal Rinpoché écrit :
"je ne connaît pas de pratique plus efficace pour détruire la fixation égocentrique, l'amour de soi immodéré et l'auto-absorption de l'ego, qui sont la racine de toute notre souffrance ..."

J'ai perçu cette voie en pratiquant le yoga et la méditation et j'ai souhaité approfondir cette source d'inspiration mais les voies spirituelles sont nombreuses.

Pour ceux qui voudraient lire cet ouvrage spécifique
"le livre tibétain de la Vie et de la Mort" Sogyal Rinpoché - avant-propos du Dalai-Lama aux éditions de la Table Ronde.
L'original (publié en 1927) "Bardo-Thödol" pose la question de la traduction car les textes tibétains tantriques sont écrits en langue symbolique sous forme abrégée ce qui les rendent assez hermétique pour des traducteurs à la mentalité occidentale (judéo-chrétienne et savante).